Une autre facette de la péninsule Ibérique est livrée à sa virtuosité, le culte de Mithra dont on jurerait qu’il le célèbre à l’abri du callejon même, cette contre-piste des toreros et picadors balisée par les barrières vermillon de l’enceinte. Si le côté sol et sombra, sexe et mort transparaît dans ses études, la violence y est feutrée, l’agressivité émoussée. Coiffé de la montera et vêtu du capote (cape), l’altière silhouette du torero dominant le fauve, musculature fine et cornes en pointe, participe de la dramaturgie sévillane qui l’a tant impressionné jadis. Les éléments de la scène taurine doivent venir spontanément, parfois longtemps après l’observation du combat dans l’arène. Tout le reste, le superflu, doit tomber dans l’oubli. C’est pourquoi il peint souvent de mémoire, pour laisser le temps effacer l’anecdote afin que seule l’émotion subsiste.  

 

Le principe vital du mouvement selon Yann Rivron



Par Claude Darras (novembre 2013) 


 




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Familier de la Maison de la danse et de la Biennale internationale de la danse à Lyon, il parvient à identifier les véritables rythmes de la création avant de les traduire sur le papier ou la toile. N’a-t-il pas découvert le principe vital du mouvement ? Sensible au tremblement du temps, il capte d’emblée le spectateur par la géométrie variable et la dynamique électrisée de son trait, incisif et souverain. La connaissance minutieuse du corps humain, l’inventaire méthodique des arts de la danse lui ont permis de cerner et d’apprivoiser les formes plastiques du mouvement dont il est devenu un interprète magistral. De la même façon, lorsqu’il insiste sur le versant sombre du flamenco, danse de spasmes et de crispations qui l’a bouleversé jadis en Andalousie, il s’impose de relier le maximum d’éléments avec le minimum de moyens. Prêtez l’oreille un instant et vous vous rendez compte que tout, absolument tout y est condensé, le rythme battant des castagnettes et des zapateados, ces claquements rythmiques des pieds alternant la pointe et le talon, la lancinante percussion des cordes du guitariste, le martèlement des interprètes qui flirte avec la menace ou l’invective.